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Le moulin
Fragment
¿ Tandis que devant moi, Dans la clarté douteuse où s’ébauchait sa forme, Debout sur le coteau comme un monstre vivant Dont la lune sur l’herbe étalait l’ombre énorme, Un immense moulin tournait ses bras au vent. D’où vient qu’alors je vis, comme on voit dans un songe Quelque corps effrayant qui se dresse et s’allonge Jusqu’à toucher du front le lointain firmament, Le vieux moulin grandir si démesurément Que ses bras, tournoyant avec un bruit de voiles, Tout à coup se perdaient au milieu des étoiles, Pour retomber, brillant d’une poussière d’or Qu’ils avaient dérobée aux robes des comètes ? Puis, comme pour revoir leurs sublimes conquêtes, A peine descendus, ils remontaient encor.
(23-24 octobre 1897)
Guy de Maupassant, Poésies diverses
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