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Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
L’herbe est molle et profonde
L’herbe est molle et profonde Sous les branches qui pendent, Lourdes de fruits et de fleurs blanches ; Lourde est la senteur enivrante, Et douce est l’ombre. On s’y étend ; Un sourd sommeil coule dans le sang.
Et les branches s’abaissent et se penchent, Et vous caressent de longs frôlements, Vous caressent et vous soulèvent De la terre doucement ; Et l’arbre vous prend dans ses bras puissants, L’arbre joyeux et frémissant Qui resplendit dans la lumière.
Il vous enlace et vous berce dans l’air, Et l’on est lui, l’on est sa sève, Sa force féconde, et l’on frémit En ses naissantes fleurs, et ses fruits, En ses milliers de feuilles légères ; On respire en son souffle, on embaume la terre.
Et l’on s’éveille comme un fruit tombe, Un fruit lourd et vermeil, Dans l’herbe profonde,
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